Né
sur l'île Bouchard en 1943, Pierre Laporte nous conte son enfance parmi
les cultivateurs/ marins des îles de Verchères :

"Je
suis venu au monde dans un champs de framboises -nous
confesse t'il- et, icite, chaque saison m'a appris une activité
différente ; aux îles, on est marin, pêcheur, agriculteur et chasseur
de père en fils.
Dès les premières glaces, on découpait de gros blocs dans le canal St
Pierre pour les entasser dans une cabane entourée de brans de scie (sciure),
ainsi il faisait frais dans la glacière jusqu'à l'automne suivant.
Le gel bien installé, c'était aussi le temps de congeler naturellement
un bœuf et un cochon élevés et préparés avec nos voisins.
A partir du mois de décembre, le grand froid imposait un calme relatif
sur l'île : nourrir les bêtes et entretenir le matériel étaient chaque
jour notre seul travail et le soir venu, on ne ratait pantoute (jamais)
les veillées autour du feu.
Chaque famille équipait sa carriole ( traîneau à cheval ) de clochettes
aux timbres personnels et enfant j'aimais sortir pour deviner au son
l'arrivée des Gauthier, des Peyette ou autres voisins venu pour la veillée
; ces soirs-là, ça jasait, ça jouait aux cartes et ça dansait !
Pis (puis) s'en venait le mois de mars et le temps de la chasse aux
rats musqués, il fallait 100 pièges pour capturer 500 à 600 rongeurs.
Tout au long du fleuve un vieux vapeur achetait les peaux, la volaille,
les produits de la terre et le poisson pour ravitailler les marchés
de Montréal .
En
avril on était pêcheur, les grands filets étaient
sortis et les chaloupes se gorgeaient de perchaudes, barbottes et autres
poissons abondants en ce temps-là .
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La
barbotte au jus de tomate :
Rouler
le poisson nettoyé dans la farine cuire en douceur dans la poêle ; à
80% de la cuisson, vider le gras de la poêle, couvrir avec du jus de
tomate, épicer, et enfourner le tout pour 20 minutes… ma mère nous servait
alors la meilleur barbotte des îles du St Laurent ! "
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