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Les cultivateurs marins de Verchères

Juin 2003

La légende de Madeleine de Verchères est née à partir d'une anecdote.
Qu'il s'agisse d'une allégorie ou d'une réalité historique, l'histoire est belle et vaut la peine d'être contée.

Voici qu'un matin d'octobre 1692, Madeleine, âgée de quatorze ans, est à quelques pas du fort, sa mère est partie à Montréal et son père a été appelé à Québec.
Dans les buissons, des Iroquois sont cachés. Ils observent sans bruit les gens qui vaquent tranquillement à leurs occupations.
Soudain, un cri retentit. Un Iroquois se précipite sur Madeleine et l'attrape par le fichu ; vive comme l'éclair et avec une étonnante présence d'esprit, Madeleine dénoue son fichu et court vers le fort en criant - Aux armes !
Elle referme la porte derrière elle et grimpe sur le bastion où se tient la sentinelle.
Sans se démonter un instant elle prend les choses en main : elle coiffe un chapeau d'homme et se déplace rapidement pour donner l'illusion d'un va-et-vient de plusieurs personnes. Elle mobilise ses petits frères qui font comme elle et elle fait tirer un coup de canon qui épouvante les assaillants. C'est aussi une façon d'alerter les autres forts dans l'espoir qu'on comprendrait son appel à l'aide.
Huit jours plus tard, avec l'arrivée des secours, les Iroquois se retirent.


L'histoire de la ruse de la jeune Madeleine et de son fichu fait le tour de la colonie et du pays. On n'est pas près de l'oublier et toutes les jeunes filles qui nouent un fichu sur leurs épaules y pensent encore aujourd'hui.

 

Né sur l'île Bouchard en 1943, Pierre Laporte nous conte son enfance parmi les cultivateurs/ marins des îles de Verchères :

"Je suis venu au monde dans un champs de framboises -nous confesse t'il- et, icite, chaque saison m'a appris une activité différente ; aux îles, on est marin, pêcheur, agriculteur et chasseur de père en fils.
Dès les premières glaces, on découpait de gros blocs dans le canal St Pierre pour les entasser dans une cabane entourée de brans de scie (sciure), ainsi il faisait frais dans la glacière jusqu'à l'automne suivant.
Le gel bien installé, c'était aussi le temps de congeler naturellement un bœuf et un cochon élevés et préparés avec nos voisins.
A partir du mois de décembre, le grand froid imposait un calme relatif sur l'île : nourrir les bêtes et entretenir le matériel étaient chaque jour notre seul travail et le soir venu, on ne ratait pantoute (jamais) les veillées autour du feu.
Chaque famille équipait sa carriole ( traîneau à cheval ) de clochettes aux timbres personnels et enfant j'aimais sortir pour deviner au son l'arrivée des Gauthier, des Peyette ou autres voisins venu pour la veillée ; ces soirs-là, ça jasait, ça jouait aux cartes et ça dansait !


Pis (puis) s'en venait le mois de mars et le temps de la chasse aux rats musqués, il fallait 100 pièges pour capturer 500 à 600 rongeurs. Tout au long du fleuve un vieux vapeur achetait les peaux, la volaille, les produits de la terre et le poisson pour ravitailler les marchés de Montréal .

En avril on était pêcheur, les grands filets étaient sortis et les chaloupes se gorgeaient de perchaudes, barbottes et autres poissons abondants en ce temps-là .

La barbotte au jus de tomate :

Rouler le poisson nettoyé dans la farine cuire en douceur dans la poêle ; à 80% de la cuisson, vider le gras de la poêle, couvrir avec du jus de tomate, épicer, et enfourner le tout pour 20 minutes… ma mère nous servait alors la meilleur barbotte des îles du St Laurent ! "

 

Avec l'été, revenait la production agricole que Pierre Laporte pratique encore à ce jour .

Bâtie sur plusieurs générations, la passion de bien faire et de bien vivre chaque instant doit trouver son secret dans le grand fleuve et les îles de Verchères.

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