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Chéticamp

Cap Breton, Nouvelle-Ecosse, octobre 2003 [Cartes]   

                                                                                                          

 

Le gouverneur Mc Cormick, bien décidé à peupler la côte ouest de ce qui était l'île Royale (île du cap Breton) fait savoir qu'il est prêt à donner des titres de propriétés aux acadiens en errances "après déportation" et ce à l'encontre de la consigne discriminatoire des autorités anglaises toujours décidées à en finir avec ces derniers.
Souvent cachés avec l'aide des micmacs, les premières familles arrivent surtout de l'île Saint Jean
(Prince Edouard ) ; ce seront les Aucoin, Chiasson, Deveau, Doucet et Poirier qui coloniseront en premier le beau pays de Chéticamp à Saint Joseph du Moine.

 

En tournant les pages de l'histoire on retrouve les traces du " trou à Méderic" un petit hameau (disparu à ce jour) niché au bas de la montagne non loin de Saint Joseph du Moine. D'après Willy Jo, les premiers arrivants y trouvèrent l'endroit parfait pour se protéger des Anglais et du Suète.
Autour des fermes le long du ruisseau, de nombreux pommiers, pruniers et cerisiers profitaient d'un microclimat favorable à des récoltes exceptionnelles.
Dans ce petit paradis vivaient les Séverins (à Janvier) - trop de noms identiques obligeaient l'usage du prénom paternel pour identifier la personne -, Aucoin Charles (à Auguste), Le Blanc Siméon , Poirier...
La scierie dirigée par William Doucet (à Magau) était l'attraction du village. Les travailleurs y vivaient la semaine et les clients venaient des environs pour couper leur bois ; ce petit monde se réunissait le soir autour de la scierie pour échanger les dernières nouvelles, "jokes" et histoires locales.

extraits de "le saviez vous?" Rosie Aucoin

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Les enfants du suêtes

Vivant pauvres mais autosuffisants, ils avaient peu de relation avec le reste de la province ; ces acadiens ont de ce fait conservés leur langue et leur culture à l'écart de l'influence anglaise jusqu'au développement des routes et à l'avènement de la radio puis de la télévision uniquement en anglais au milieu du 20ème siècle.
Depuis lors l'influence de la langue anglaise est
omniprésente dans cette communauté.


"A l'origine l'acadien est réservé et aspire à une vie simple (les familles sont souvent très éloignées les unes des autres) et n'aime pas la "chicane" (revendication) de ce fait leur statut n'a pas beaucoup évolué d'autant que ni le clergé ni l'élite acadienne, voyant dans cette attitude une manière de rester en bon terme avec les anglais et garder leurs privilèges, n'étaient motivés pour faire évoluer la société acadienne,"

extrait de" Les Acadiens" Jean-Claude Vernex, édité en1979 aux éditions "entente", collection "minorités".

 

Cette description est-elle une réalité ? Devant le risque d'assimilation une partie de la communauté a choisi de développer des mesures conservatoires pour protéger la culture et la langue de leurs ancêtres.
Mais en l'an 2000 l'avènement d'une école - la seule pour Chéticamp - et uniquement en français, n'a pas fait l'unanimité dans cette paisible paroisse.
Le Suête est-il l'expression d'un Dieu le père soucieux de faire régner le calme chez ses enfants ?
Dans l'affirmative, il fait bien les choses : la cohésion est retrouvée lors de ses puissantes manifestations.


Pour les esprits pragmatiques, ce phénomène n'est autre qu'une impressionnante accélération des vents de sud-est sur le versant des montagnes situées à l'est de la plaine côtière entre Margarée et Chéticamp.
Les constructions, réseaux électriques et les infrastructures routières y sont conçues pour résister à des rafales dépassant régulièrement les 150 km/h.



Leurs ancêtres aussi ont traversé

l'océan Atlantiqueà la voile ; une leçon d'histoire

bien vivante et la visite du bateau

en guise de travaux pratiques ...

 

Les rendez-vous du mardi soir

Veillée en Musique

Willie Jo Chiasson fait partie de la gang des fondateurs " nous aut' on a toujours été pour les réunions familles et copains pour la musique et c'est pas la télé qui nous empêchera de nous retrouver !".

Ils étaient quelques amis musiciens au départ et 4 ans plus tard l'AMAC ( Association Musicale Acadienne de Chéticamp ) réunit plus de 50 musiciens et spectateurs de Chéticamp et d'ailleurs. Bienvenue à tous pour une rencontre plaisir, une rencontre partage.

 

Une langue belle et moqueuse

"Le français acadien : une richesse peu commune à la saveur du vieux français de France d'où il tire ses origines, langue belle et moqueuse, langue en voie de disparition trop soumise à la pression de l'assimilation, victime de sa propre différence dans un monde qui la veut minoritaire." Jean Timmons

Un p'ti bout de la chanson "la barbière" par Gérard (à Moise) Romard son mp3son real

 

Violon écossais

Une culture vivante est une culture ouverte. Les communautés écossaises du Cap Breton elles aussi longtemps isolées du reste de la Nouvelle-Ecosse ont, pendant un siècle, parlé leur gaélique d'origine et le langage du violon était un excellent terrain d'entente avec les acadiens dont certains musiciens comme Arthur Muse ont été bien inspirés par le patrimoine écossais.


La culture musicale acadienne n'est pas en reste et depuis l'avènement de leur radio communautaire (CKJM ), les chéticanais sont ravis de redécouvrir la musique traditionnelle acadienne plus vivante que jamais. Le grand nombre de musicien y favorise la diversité. Sylvia Lelièvre son frère et 2 amis pratiquent avec talent la chanson traditionnelle acadienne.

un extrait de "Pique la baleine" son mp3 son real

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Des tapis dans le vent

L'évènement était de taille, pratiqué dans la région par les femmes acadiennes, le hookage s'inscrivait avant tout dans une activité de subsistance ; bien que décoratifs les tapis étaient aussi un bon isolant pour les planchers. Pour la première fois de leur vie de hookeuses, elles allaient être payées de leur travail &
Lilian Burke a du flair et en venant à Chéticamp, ce printemps 1927, elle s'intéresse de très près au travail de ces dames.

tapis hooké

 

 

Artiste elle-même, elle connaît bien le marché New Yorkais et s'engage à y vendre les tapis de Chéticamp moyennant quelques ajustements : elle crée les motifs et impose des niveaux qualitatifs rarement atteint jusqu'alors.

Devant toutes ces nouveautés les hookeuses sont un peu craintives et la première année seuls 7 tapis partent pour NY, les premières paies arrivent à Chéticamp et suscitent l'envie ; l'année suivante plus de 200 tapis sont expédiés vers NY.
Ce sera le début d'une nouvelle activité artisanale rémunératrice.

 

Ce tapis hooké a été
réalisé en 1930 avec
3 brins de laine
teintée exclusivement par des extraits de plantes et de fruits.

 

Toujours "fait main" le hookage fait encore aujourd'hui la réputation de Chéticamp.
Marie Claire Doucet compose et réalise des tapis hookés de toutes les tailles,

plus de mille fois par jours elle croche les fils de laine colorés en réglant d'un geste précis la régularité du point à l'aide du "hook" : petit crochet monté sur un manche en bois.

 

Le tapis de Grand-Pré

 

Réjean Aucoin nous invite pour un voyage dans les étoiles,

un voyage magique dans l'histoire de l'Acadie :

Décembre 1755, les dames de Grand Pré terminent un superbe tapis destiné à être accroché derrière l'autel de l'église mais Noël n'aura pas lieu, les anglais arrivent et dispersent les acadiens aux quatre coins du continent, le tapis inachevé est caché de justesse...


Sur le dos de Johnny (à minou), le merveilleux facteur volant, Constant et Rose-Marie font un grand voyage pour retrouver les 12 brins de laine dont dépend la finition du tapis de Grand Pré ...

"J'aime la solitude et le côté paisible des scènes que je peins ... percer les mystères et l'âme des vielles maisons abandonnées ...

Paula Camus

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Mi-carême et papier mâché

mi-carême : nom féminin
Jeudi de la troisième semaine du carême, que l'on célèbre par des fêtes

A Saint Joseph du Moine il suffisait de raviver la flamme des traditions pour revivre le grand défoulement bien venu au milieu d'un carême très austère.
Un peu de plâtre pour l'empreinte du visage, du papier mâché mélangé avec de la colle dans le moule ainsi constitué, des couleurs riantes ou effrayantes et que la fête commence !

Transfert de personnalité, activité sociale ou simple amusement." Pendant plusieurs années, les artistes et les artisans des villages de St Joseph du Moine et de Chéticamp ont redonné vie aux coutumes de fabrication de masques en utilisant une grande variété de techniques modernes et traditionnelles. Ceci nous permet maintenant de porter des masques renommés tels que Elmo, la Sagouine, Évangeline et une variété de personnages reconnus autour du monde. Parmi les plus populaires, on retrouve celui nommé "Le Moine" qui représente la grosse roche bien connue par les pêcheurs des alentours et qui a disparu en mer quelques années passées."

Déguisés de la sorte, les joyeux lurons font peur aux vieilles dames et petits enfants et, déambulant de portes en portes se font inviter histoire de faire la fête.

Cette belle réaction citoyenne devant l'individualisme " chacun chez soi" des dernières décennies est aussi un clin d'oeil réconfortant aux veillées d'autrefois.

Les valeurs du bien-être sont en hausse à la bourse de la vie ; vu son succès grandissant la fête s'étale désormais sur 3 jours.

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Trois expressions pour un "Art populaire"

La gaieté et la simplicité constituent sans doute le ferment du succès dans cette forme d'expression. A Chéticamp, trois personnages nous ont laissé quelques indices sur la personnalité de leur création.

Le parfum du bois chez William Roach

"Mon père était bûcheron et nous habitions une cabane près de son lieu de travail. Je me souviens de la récolte de gomme sur les épinettes fraîchement coupées, l'odeur était enivrante et ma mère (acadienne) la cuisait sur le poêle à bois, nous la mâchions ensuite comme un "bubble gum"

 

 

 

De cette immersion dans le monde du bois William a trouvé sa vocation ; il est naturellement devenu sculpteur sur bois et puise son inspiration dans l'univers de son enfance ce qui ne l'empêche pas de prendre les pinceaux pour peindre le quotidien avec une pointe d'humour (voir "les enfants du suête" ).

 

Diane Bourgeois en toute liberté

Nous ne sommes ni à Haïti ni au Brésil mais bien à Chéticamp ! Diane est polyvalente, elle peint, sculpte, crée et met en scène des objets inspirés de ses souvenirs d'enfance ou suscitant en elle une réflexion positive.


En 1993, inscrite dans une école de peinture, elle découvre que sa voie n'est pas cette peinture formatée et conventionnelle qu'on lui apprend et s'affranchit des règles jusqu'à renier les perspectives, les équilibres et les proportions pour ne garder que le plaisir d'exprimer en toute liberté les images de sa jeunesse et d'un présent s'inscrivant dans la couleur et la joie toute simple.

 


Humour "vache" avec Michel Williatte


Le personnage est haut en couleur, comment ne pas le confondre avec ses propres oeuvres. On y retrouve une bonne dose d'extravagance, une pincée d'humour et trois cuillères d'amour de vivre.
Michel évite soigneusement les sentiers de la niaiserie en laissant dans ses créations un espace d'irrationnel et de questionnements : pourvues de cette ébauche vitale, ses oeuvres s'affranchissent du créateur pour s'épanouir à travers le regard du public.
la vache

 

Un "animal" récurrent dans les peintures de M. Williatte, cette vache aux baskets dont le regard exprime un insondable vide, insondable certes, mais que s'y cache t'il ?

 

 


                                                                Rencontre fructueuse

De passage à Saint Joseph du Moine, une dame manifeste son envie de citron sous toutes ses représentations picturales et sculpturales ; d'abord intrigué par le caractère insolite de cette recherche, Michel est piqué par cette "limonade obsessionnelle".
La seule issue pour échapper à cette emprise jaune passera par la réalisation d'une " dame aux citrons" repue et enfin sereine ...

                      poisson

 

 

 

 

Le poisson en rit encore ...
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La note de Lolote

Merci à Ida pour les bonnes adresses et la logistique, merci aussi à l'autorité portuaire et aux pêcheurs qui nous ont reçus à l'abri du suête, à Michel, Angus, Sylvia, Léandre et à tous ceux qui nous ont donné un peu d'eux même.


J'ai rêvé d'une petite fée qui d'un coup de baguette magique réunirait tous ces

Asterixpersonnages qui nous ont

enchantés et qui ont

enrichi les pages

d'Acadiaventure pour un

grand banquet où l'on

chanterait, danserait et referait un autre monde ...

 

 

Notre voilier prend ses quartiers d'hiver au bord du grand océan qu'il traversera l'été 2004 vers Belle-Île en mer, une petite Acadie en Bretagne sud.



" Dés juillet 1763, 3 chefs de famille d'acadiens, Honoré Le Blanc, Joseph Trahan et Simon Granger se rendent à Belle-Île afin de juger de la possibilité d'une implantation de 77 familles sur cette île Bretonne ..." à suivre

 

2004 : l'année du 400ème anniversaire ...

Cette traversée de l'Atlantique en sera un symbole et c'est à la voile que des témoignages d'amitié rejoindront le " vieux pays".
Déjà plusieurs propositions dont une promesse en ce sens : Normand Poirier
de l'école NDA à Chéticamp confirmera notre rôle de messager en nous confiant une grande fresque murale réalisée par les enfants de cette école à remettre aux acadiens de Belle-Île, il y a encore de la place à bord ! Faites nous part de vos témoignages et propositions, contactez nous

 

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