Sur le chemin du retour
Juin-Juillet 2004[Cartes]
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Perdu sur les bancs de Terre Neuve, ce rocher de France nous offre une dernière escale sur le chemin de Belle-Île - située à 4000 km plus à l' est.
La brume prospère dans ces eaux froides et enveloppe la vie des 7000 âmes françaises d'Amérique ; des acadiens, normands et basques ont écrit l'histoire tourmentée de cet archipel, ultime fragment de la Nouvelle France
Un ciel souvent gris comme la Bretagne
Des vents soufflant rarement de l'Espagne
Un grand sourire traversant la brume
Quand perce le soleil
À St-Pierre et Miquelon...
Saint Pierre et en avant plan l'île aux Marins vu par un goéland nommé J.P.
Impression balladines
Ce n'était certes qu'une escale "technique" mais comment ne pas voir, sentir et palper le pouls de ce microcosme en flânant au fil des rues colorées de Saint Pierre. Couleurs humaines pour transcender les brumes de l'âme et des corps...
Je te présente ma maison
Je te présente ma maison
Faite de poésie
Sous une folle frondaison
Celle de mes fantaisies
Je te présente l'antre folle
De ma plume en délire
Frêle reine de la bricole
Sous mes doigts qui soupirent
Les "tambours" de Saint Pierre
Des oiseaux chantent à ma porte
Sans se soucier de moi
Je sens le duvet qui m'emporte
Au dessus de mon toit
Les murs jouent de l'accordéon
Et suivent mon envol
Je plane aux sons d'un orphéon
Entraîné par éole.
Le boulanger des âmes,
Gérard Boudreau pétri ses textes et les chante en discrète complicité avec les bardages colorés des maisons, conflit séculaire ou symbiose vitale avec une brume infatigable, étouffante …
Les couleurs de l'espérance
J.C. Girardin et J.C. Roy : 2 regards portés sur Saint Pierre et Miquelon
La vieille amarre aux torsades usées ( J c Girardin ) dit l'attachement d'une France métropolitaine à son archipel. Elle traduit la perception que beaucoup d'entre nous peuvent avoir de cette sorte de cordon ombilical qui nous relie à la "mère patrie", un terme resservi à toutes les sauces dans les discours officiels. Chaque accident du chanvre de la corde renvoie à un nouvel abandon, les coulées de givre sur une bite d'amarrage oxydée laissent encore deviner les couleurs du drapeau national mais aussi une certaine froideur de sentiment de la part des îliens pour qui l'histoire a été trop fréquemment objet de ressentiment.
Cependant, face à la mer menaçante qui bat le quai glacé, isolé au confins d'un monde où s'éteint notre langue, les gens d'ici ont éprouvé l'absolu besoin de consolider l'amarre en tirant de Langlade, de Miquelon et de Saint Pierre leur propre cordage afin d'assurer la pérennité du fait français, est ce une coïncidence si un de ces bouts porte la couleur de l'espérance ?
Texte de Claude l'Espagnol.
"La galerie Ravenel" J.c. Roy
La répartition de la neige oblitère la ligne des toits et converse avec le survol de la colline, le dégradé de mousse et de brume qui vient couver la ville.
Une maison jaune affiche un rêve de chaleur. Elle se rapporte par une arche invisible à une porte de garage en brun et noir. Miracle : une géométrie relie ce plan à une autre architecture grise qui, derrière la façade soufre, l'équilibre et la prolonge sur une planète dont Jean Claude Roy éloignera les autres constructions et qu'il fera dépendre d'un soleil jaune. .
Texte de Alexis Gloaguen.
Parce que sans mon île où la brise soufflerait-elle ?
Un extrait de "Je suis né outre-mer"
de Henry Lafitte
Or, dans l'état, ou ce mal nous réduit , il n'est pas possible de faire attention à ce qui se passe sur le vaisseau. D'ailleurs rien n'est plus stérile qu'une navigation comme celle ci ; aussi n'y eût-on occupé qu' examiner d'où vient le vent, combien on avance, et si l'on est en route : car pendant les deux tiers du chemin , on ne voit que ciel et eau .
Les trois premiers jours les vents furent toujours du bon côté, mais biens foibles , et on s'en consoloit, parce que la mer étois belle .
Il semblois qu'elle voulût nous amadouer , avant que de se montrer dans toute sa mauvaise humeur, le cinquième le vent tourna et nous mit à la bouline ( prendre le vent de biais ).
La mer devint Grosse et pendant près de six semaines nous fûmes secoués de la bonne manière, les vents ne faisaient que tourner, mais il nous prenoient bien plus souvent par devant que par derrière et nous étions presque toujours au près... "
Extrait du journal de voyage adressé à Madame la Duchesse de Lesdiguieres par le père De Charlevoix en l'an 1710. Bibliothèque de Rochefort
Prochain reportage : Belle île en mer
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